Qui suis-je ?
Vous expliquer qui je suis c’est, pour moi, prendre conscience de mes biais en plus de faire comprendre d’où j’écris
Je suis Eva Fourcade, une béarnaise de 24 ans.
J'aime le sport, la randonnée, lire, cuisiner (surtout manger) et être en compagnie de différent.e.s vivant.e.s.
Je suis une femme, blanche, valide, cis, hétéro, vegan, éco-féministe.
Je viens d’une classe sociale moyenne.
J’ai fait 5 ans d’études en santé sécurité au travail spécialisé dans les risques industriels.
Mes valeurs n’étant plus en accord avec ce vers quoi mon diplôme m’orientait (c’est à dire travailler dans l’industrie), j’ai continué mes études en Mastère Spécialisé Eco-Ingénierie.
Ce mastère, en plus de traiter des enjeux sociaux écologiques actuels, m’a permis de travailler sur qui je suis, quelles sont mes valeurs et réfléchir à la place que je veux avoir.
J’ai donc eu la chance d’évoluer dans un milieu privilégié où j’ai pu choisir ce que je voulais faire, me remettre en question, ce qui me permet de réaliser ce périple.
Vivant.e, non-vivant.e, nature...?
La notion de "nature" a beaucoup évolué au fil du temps, ce qui fait, qu'aujourd'hui, il n'existe pas de définition vraiment établie.
Voici quelques passages, que j'ai lu dans le Socialter "Renouer avec le vivant" dans la partie "Faut-il en finir avec la nature?", qui explique la situation et donne les définitions actuelles de ce terme :
Dans une conférence donnée en 1999, la philosophe belge Isabelle Stengers résumait ainsi le problème : " Il est assez difficile de parler de nature en toute généralité. On pourrait même penser que l'on est dans une situation analogue à celle que saint Augustin décrit à propos du temps : on croit savoir ce que c'est et au moment où on veut le dire, on n'arrive pas à l'expliciter."
[Frédéric Ducarme et Denis Couvet] Ces deux chercheurs au Muséum d'histoire naturelle récapitulent ainsi nos trois grandes définitions actuelles du mot : la nature désigne soit le grand tout de l'univers, soit l'essence d'une personne ou la propriété d'un objet, soit encore tout ce qui n'est pas l'être humain...
Dans mon imaginaire, le mot nature me renvoie à la troisième définition, c'est à dire, "tout ce qui n'est pas l'être humain".
C'est donc un mot qui me dérange car j'y vois une frontière entre "les animaux" et les humain.e.s et toujours ce dualisme "nature/culture".
Je préfère aujourd'hui le mot vivant. D'une part car je me considère comme vivante et, d'autre part, je n'y vois plus la frontière entre les animaux humain.e.s et les autres animaux qu'humain.e.s. Je suis donc une vivante parmi les vivant.e.s.
Mais la définition de ce terme reste assez abstraite.
En biologie, la définition du mot vivant est basé sur deux critères. Le vivant est ce qui peut se constituer en construisant sa propre matière vivante et qui est capable de se reproduire. Par opposition à ce qui est inerte ou "mort".
En philosophie, beaucoup de questions se posent : Comment penser le vivant ? Qu'est-ce qui est vivant ou non-vivant ? Qu'est-ce qui définit un.e vivant.e ?
Pour moi, tout ce qui m'entoure est vivant.e. Un végétal, un minéral, un animal, un écosystème. Les océans, les forêts, les déserts sont vivant.e.s.
Je considère qu'un ensemble est vivant. Une bactérie seule ne peut pas être vivante, un champignon seul ne peut pas être vivant, un océan seul ne peut pas être vivant.
Dans ma vision, le non-vivant n'existe pas.
Et chaque être, individu.e, à une énergie, une personnalité qui lui est propre. Chacun.e à sa manière d'être vivant.e.
C'est le mot qui me convient le plus aujourd'hui mais je ne sais pas si il me satisfait pleinement.
On est dans une société qui aime mettre des choses dans des cases bien rangées. Même si mettre des mots sur des choses pour que l'on se comprenne est important, je ne dis pas le contraire.
Des fois on a aussi besoin de s'identifier sur quelque chose. C'est donc important pour sa construction personnelle.
Mais je pense que, au vu des crises actuelles, peu importe que l'on décide d'appeler les autres de vivant.e.s, de nature ou d'autre chose.
Je pense que, ce qui est important, c'est l'intention que l'on a envers l'autre et l'attention qu'on lui apporte.
(Ré)apprendre à vivre avec l'autre, dans le respect et la bienveillance, en cultivant notre émerveillement dans nos relations et nos modes de vie.
Voir l'autre comme un.e colocataire plutôt qu'une ressource, ça serait bien plus sympa non ?
Voici quelques lectures que j'affectionne particulièrement, et qui m'ont amené à réfléchir sur mon rapport au vivant, aux autres.
Mes visions du monde
Vous décrire la vision que j’ai du monde qui nous entoure est un peu compliqué. Je dirais que cela dépend de ce que je ressens. Je dirais donc que j’ai plusieurs visions du monde.
Je trouve que ce que l’on vit est extraordinaire.
C’est impressionnant la façon dont fonctionne le corps par exemple.
On pourrait dire que c’est le nôtre, mais pas que en faite. C’est aussi celui de milliers de bactéries et d'autres êtres vivant.e.s qui vivent dans ce corps. Le corps est un écosystème que l'on nourrit qui transforme ce qu'on lui donne en nourriture pour toustes les êtres vivant.e.s dans le corps, et qui, à leur tour, transforment cette nourriture en éléments nécessaires pour que le corps, cet écosystème, soit en bonne santé. C'est une jolie boucle vertueuse.
C’est magnifique toute cette interdépendance. Les arbres, les plantes, les champignons qui communiquent, se soignent et plein d’autres choses encore que l’on ne peut imaginer.
Je trouve ça génial.
C’est incroyable comment tout est complexement beau. Cela me fascine.
J’ai une grande et réelle fascination pour la vie et cela me procure énormément de bonheur.
Il y a tellement de
choses que je trouve incroyables, mais la liste serait vraiment
longue.
Mais il y a des choses que je ne comprends pas.
Je ne comprends pas comment rien ne bouge alors que des crises catastrophiques sont présentes. Je parle du dérèglement climatique, des crises sociales, l’effondrement du vivant et pleins d’autres encore (cf 9 limites planétaires).
Je ne comprends pas pourquoi on tue aujourd’hui, chaque année, 80 milliard d’animaux terrestres d’élevage et 300 milliards d’animaux marins d’élevages dans le monde (les animaux humain.e.s sont environ 7 milliards...).
Je ne comprends pas comment des personnes peuvent dire que l’espèce humaine a toujours mangé d’autres animaux et que cela est « naturel » alors que les animaux humain.e.s ont sélectionné génétiquement l’ensemble de ces animaux pour « plus de rentabilité ».
Je ne comprends pas pourquoi aujourd’hui on reproche encore à une femme sa façon de s’habiller et que cela serve de justificatif lors d’agression sexuelle (cf rapport 2023 sur l'état du sexisme en France du Haut Conseil de l'égalité).
Il y a tellement de choses que je ne comprends pas, mais la liste serait vraiment longue.
Pour moi, on est aujourd'hui dans un monde magnifique mais dans un système qui tue.
On est dans un système d’oppression et d’exploitation qui alimente énormément de violence : racismes, homophobie, spécisme, sexisme… qui tue toustes êtres vivant.e.s.
Tout cela me fait extrêmement peur.
Avec tout ça, je me pose beaucoup de questions :
Comment on en est arrivé là, et jusqu’où on va aller ?
Est-ce que notre espèce a conscience qu’elle ne peut pas tout connaître et tout contrôler ?
Est-ce notre espèce va un jour savoir lâcher prise et ne pas aller plus loin au vu de tout ce que cela implique ?
J’ai cette impression que l’animal humain.e pense avoir la main mise sur tout, et qu’il veut toujours tout savoir, et toujours plus.
On a cette capacité à tout s'accaparer, à coloniser chaque centimètre de terre, d'océan. Notre espèce se croit supérieure et se prends pour « le Dieu créateur » avec le droit de vie ou de mort sur chaque être.
Ces questionnements m'ont amenés un sentiment de révolte et de colère.
Pour qui on se prend ? Qui on est pour penser, croire ça ? On ne sauve pas la “nature”, la biodiversité, on essaie de réparer nos erreurs tant bien que mal et en s’inspirant de ce qu’il y a autour de nous. On n’invente rien de révolutionnaire.
Le rapport, en tant qu’occidentaux.ales, que l’on a aujourd’hui, vis à vis des autres vivant.e.s, est un rapport de force, de domination.
Un rapport économique et utilitariste.
Il me semble nécessaire, voir indispensable, que l'on se mette au bon endroit et que l'on retrouve une certaine altérité avec les autres : on est vivant.e parce que l’on vit parmi le vivant.
Car en fin de compte, avoir la capacité d’exister, de respirer, de créer, de se détendre et d’aimer est quelque chose que nous devrions tous pouvoir faire sans effort. Et tant que cette réalité n’est pas celle de tous les êtres vivants, je vais continuer à lutter.
"Il faut protéger la nature!", peut-on parfois entendre. Mais quand allons-nous enfin rompre avec cette posture paternaliste ? Car le vivant n'est pas une altérité faible et en danger : c'est un feu créateur qui préside à nos existences, nous à fait et finira par nous défaire. Protéger la nature : non. Mais plutôt unir la pluralité des luttes contre les forces de destruction à l'oeuvre, afin de s'assurer que le monde reste habitable pour les humains.