J’ai rédigé cet article en m’appuyant sur mes observations (et donc mes biais, voir page d’accueil - j’écris à travers mes biais) et sur l’interview de la personne qui m’a accueillie en woofing. Lorsque je reprendrais ses termes, ils seront notifiés "entre guillemets".
Dans cet article, vous découvrirez Thibaud, un être vivant dynamique et ouvert d'esprit, ainsi que la description de son projet multi-activités, qui lie agriculture et social.
Durant mon woofing, j'ai pu observer et questionner Thibaud sur son rapport au vivant, qui se veut en harmonie avec celleux qui l'entoure, où l'animal humain.e est quand même bien présent.e et gère le milieu où il s'est installé.
J'ai découvert qu'il veut développer une relation avec La Loupiote, la plus équilibrée possible, en créant un oasis de biodiversité.
J'ai pu également le questionner sur la vision qu'il a de la société actuelle dans son rapport au vivant : une société en dualité entre "le transhumanisme, l'intelligence artificielle" et celleux qui veulent "travailler un maximum avec la nature". Il espère que le monde se tournera vers de l'entraide, en lien avec la nature.
Je fini cet article sur deux notes.
Une note de gratitude envers les personnes que j'ai découvertes, et avec qui j'ai partagé de jolis moments et une multitude d'activités, les mains ravies de se connecter à la terre.
Une note de questionnements, sur l'utilité des êtres vivant.e.s, notion avec laquelle je ne suis pas très à l'aise.
Faut-il être utile à quelque chose pour être digne de vivre
et d’exister ?
Qui est Thibaud ?
Thibaud est un être vivant dynamique, une personne ouverte d’esprit, et qui, malgré la multitude d’activités qu’il a à gérer, fait de son mieux pour être à l’écoute des autres.
C’est une personne qui a beaucoup de connaissances en maraîchage et sur celleux qui l’entourent (il s’appuie beaucoup sur Ver de Terre Production ainsi que le site Eautarcie).
Et quelque chose de très appréciable pour moi : il est toujours partant pour boire une bière !
Thibaud est le co-créateur de la Loupiote et, maintenant, le seul gérant.
En
plus d’être créateur de sites internet (activité complémentaire
au maraîchage), c’est un maraîcher, un "gardien de la
terre".
Qu'est-ce que La Loupiote ?
La Loupiote est plusieurs choses

Un nom
Le nom La Loupiote a deux origines :
A leur arrivée (avec la co-créatrice) dans le Béarn, dont Thibaud est originaire, iels ont commencé leur projet en éclaireur.se.s, ne sachant pas comment allait être accueilli le projet.
La deuxième raison, vient du fait que lorsque iels sont arrivé.e.s sur le terrain, il n’y avait pas d’électricité.
Iels étaient donc avec les petites frontales pour travailler : des petites loupiotes.
Un lieu
Où iels sont arrivé.e.s fin 2015. L’année 2016 est une année test : comment ce projet, qui allie maraîchage et création de lien social, va s'incérer sur le territoire ?
"La clientèle a bien répondu". Thibaud prend donc la décision de s’installer, en 2017, en chef d’exploitation avec la Dotation Jeunes Agriculteurs* (ce qui implique des engagements).
D’abord locataire d’un hectare, il décide d’acheter le terrain à côté, vers 2018, ce qui lui fait au total 2 hectares. Il quittera bientôt la location afin de développer son activité seulement sur le terrain dont il est propriétaire.

Né de questionnements
"L’objectif de départ c’était un choix entre s’isoler dans la montagne pour le futur, en mode autonomie, avec quand même un projet de vente, et quand [le système actuel] va déconner, on est isolé… ou plutôt s’installer en plaine et créer du réseau pour, justement, créer du lien et, quand [le système] va se péter la gueule, qu’il y ait déjà des systèmes en place."
Le pilier du projet : l’activité de maraîchage
Le maraîchage que pratique Thibaud se base sur trois grands principes : (plus de détails sur son site internet) :
- La culture sur sol vivant ;
- L’agriculture régénérative ;
- L’économie circulaire.
Thibaud vend principalement des légumes bio et de saison, ainsi que des plants et semis, qu’il produit chez lui.
Il propose également des produits transformés localement à la vente (bière locale, sauce tomate, huile d’olive/de tournesol, confiture…) et aussi des produits autres que ce qu'il produit (avocat d'Espagne, mandarine d'Espagne, kiwi du sud-ouest, pomme du sud-ouest...)
Il fait de la livraison de panier (possible de commander via son site internet), de la vente direct le vendredi après-midi, et le marché, à Idron, le samedi matin.
Un projet ou des projets ?
La Loupiote est une ferme en agriculture sur sol vivant autour de laquelle s’articulent de nombreux projets, dans l’objectif de créer du lien social autour des activités d’agriculture.
"C’est un projet multiactivités.
On a voulu au départ [avec la co-créatrice], du social, de l’agriculture, de la culture, et donc pour ça j’ai installé le maraîchage de suite, c’est un peu le pilier qui faisait que tout était possible derrière.
On a monté une association qui s’appelle Court-Circuit (association qui va bientôt être dissoute).
On a fait pleins d’évènements au début, il y avait pleins de gens qui étaient motivés [...] l’objectif c’était d’ouvrir le milieu rural à la culture, l’entraide.
On organisait des évènements du style : quand des membres de l’asso avaient trop de fruits, on invitait tout le monde, on récoltait les fruits, on les distribuait, on a fait des marchés de producteurs… C’était des trucs pour développer le local."
Le site accueille un poulailler collectif, où plusieurs personnes se relaient pour s’occuper des poules, et iels organisent des distributions d’œufs.
Thibaud a pour projet de créer un bâtiment afin d'héberger une pépinière d'entreprise qui reste dans les valeurs et l'éthique de la Loupiote.
L'objectif pour lui est toujours de garder cet aspect social et multiactivité.
"Le projet, Les jardins du RAM (Relais des Assistantes Maternelles) est arrivé assez vite.
On a mis à disposition un bout de jardins pour que les nounous se retrouvent et comme ça elle commencent à initier les gamins dès petits, et ça leur permet de se retrouver.
C’est Jennyfer qui anime les ateliers, moi je fais juste le suivi, la planification, je leur donne des graines tout ça."
C'est un projet en constante évolution et qui amène du monde à La Loupiote, qui est très vivante.
"Là, il va y avoir des constructions de petites cabanes […] et en faite [l’objectif de Jennyfer] serait de faire de l’intergénérationnel.
Ça fait un an qu'elle a commencé a chercher des partenariats avec les maisons de retraites, mais c’est long."
Thibaud prête également un bout de terrain à une école : les élèves viennent une fois par semaine pour s'occuper de leur parcelle.
Il a pour projet de les aider à construire un jardin près de leur école, afin qu'iels puissent être autonomes, et utiliser leurs légumes pour leur cantine.
Des difficultés
De ce que j’ai observé, faire des projets collectifs, c’est vraiment intéressant, ça crée du lien entre les personnes et amène une réelle dynamique au niveau local.
Mais il y a le contre coup avec (comme tous les collectifs) des difficultés à se gérer : des incompréhensions, des tensions, des projets qui sont à la limite de s’épuiser… Mais Thibaud est convaincu que ça va repartir du bon pied et qu’une nouvelle dynamique va se créer.
Je trouve que gérer seul la ferme est aussi une difficulté. Il faut être multitâche : informaticien.ne, commercial.e, maraîcher.e, vendeur.euse, gestion de l’administratif , formateur.rice pour les stagiaires…
Il est donc difficile pour Thibaud de se dégager du temps pour soi, sachant qu’il ne peut pas laisser la ferme sans trouver une personne pour le remplacer.
Je dirais qu’il y a aussi la relation avec les client.e.s, ainsi qu’avec les fournisseur.euse.s qui peut être compliquée, car il est obligé de répondre à la demande.
A cause de cela, il a dû limiter la production d’autres variétés de légumes car ils n’étaient pas assez vendu. Il y a, également, beaucoup de légumes qui sont jetés (ou plutôt laissés à la terre) car considérés comme invendables et beaucoup d'eau est utilisée pour rendre les légumes "propres" pour la vente.
Il a ensuite des difficultés vis à vis du système agricole, du système administratif complètement déconnecté et du dérèglement climatique.
"Le système agricole est vraiment un rouleau compresseur sur les petites fermes, même si le discours public dit qu’il faut ce genre de ferme, ce n’est pas du tout ce qu’il se fait.
Il y a eu quand même la PAC* (Politique Agricole Commune) qui change un peu. Avant je touchais 700 euros de PAC pour deux hectares, maintenant ils filent 1500 euros par hectare et juste si tu es en dessous de trois hectares.
C’est vraiment pour favoriser les petites fermes, ça c’est vraiment révolutionnaire. C’est quelque chose qui vient des assos qui se sont battues et c’est passé, donc il y a quand même des petits trucs qui se font, mais bon voilà.
Accéder au foncier c’est difficile aussi."
"Les aléas climatiques c’est de plus en plus tendu.
En faite, quand je me suis installé, les gens me disaient tu vas avoir une merde tous les cinq ans : une tempête, la grêle...
Deux ans après c’était : en faite c’est tous les trois ans...
Et là, depuis deux ans, c’est tous les ans, et plusieurs fois par an.
Je le ressens bien et puis ça t’impacte directement puisque le problème c’est l’argent, c’est ça qui nous tient et qui nous emprisonne.
Tu vois tout ce qui est dehors, tout ce qu’on a planté [on est en avril]. On va dire qu’il y a peut être pour 5000 euros juste là. Quand on va arriver à mai tu dois en avoir pour 10 000 euro au minimum. Tu as une grêle tu perds, allez si tu en ressors avec 2000 ou 3000 euros tu es content quoi.
Donc le truc, c’est que, cet argent là, c’est le minimum que tu as investi ; et tu as tout le système bancaire, administratif, assurance, tout ça qui sont au mois à l’année, et pour eux c’est linéaire. Ils ne sont pas du tout connectés à la nature, ils ne sont pas du tout connectés aux changements, au vivant, donc toi tu fais tampon…"
Et son rapport aux vivant.e.s ?
Quelques définitions
J’ai demandé à Thibaud quelle est sa vision du vivant afin de voir d’où il parle et de mieux comprendre le rapport qu’il a avec le vivant.
Êtres-vivant.e.s ?
Plusieurs définitions arrivent dans la tête de Thibaud à la question : qu’est-ce qu’un être vivant. Il hésite sur différentes définitions (économique, biologique...) mais voici ce qui lui parle le plus :
"C'est un être qui a un impact sur son environnement, positif ou négatif, qui fait des échange énergétiques, émotionnels."
Non-vivant.e.s ?
Il n’y aurait pas de non-vivant.e.s
" Tout est vivant en faite.
Il n'y a pas de matière réellement morte, tout est transformation.
Tu vois la roche en elle même, je ne la pense pas vraiment vivante, mais une montagne oui, parce qu’elle est composée de plusieurs éléments."
Et la nature ?
"La nature pour moi, c’est tout en faite.
Même les productions humaines c’est issue de la nature. Tu vois les produits chimiques, ça ne me répulse pas tant que ça. Par exemple, le plastique c’est du pétrole, c’était des arbres avant. C’est ce qu’on en fait derrière qui est problématique.
La nature c'est vaste, tu as l’âme de la nature, Gaïa tout ça."
Au milieu d’un tout et une espèce humaine à part
Thibaud se positionne à l’intérieur de ce vivant, de cette nature. Il fait "parti d’un tout".
Il a une réelle fascination pour le vivant qui nous entoure, et pense que l’espèce humaine devrait utiliser les forces de la nature pour être en harmonie avec.
Il pense que les animaux humains doivent gérer un minimum la nature pour que tout se passe bien. Par exemple, l’écopâturage est, pour lui, nécessaire pour éviter/limiter des feux de forêts.
L’espèce humaine est quand même une espèce à part : "Un troupeau de chevaux sauvage, ils aiment certaines plantes, ils les bouffent, au fur et à mesure de leur parcours ,ils les chient, elles poussent. Tu modifies ton milieux juste en vivant. C'est juste que, nous, on a un cerveau un peu plus logique, et on est capable d’écrire ça sur un papier, d’en faire un savoir et après on l’utilise."
Toute espèce a son utilité "En faite tout est utile. Il n’y a pas de nuisibles ou de chose comme ça. Je ne me bas pas contre les limaces mais j'essaie plutôt de cohabiter, de comprendre comment fonctionne la limace. Tu la nourris comme ça elle est contente et elle te laisse les légumes."
Et Thibaud est à la recherche d’un équilibre avec les autres espèces.
"C’est de trouver l’équilibre, l’harmonie, comment on peut tous coexister sans que ça soit un problème pour une espèce ou une autre, comme les élevages.
L’élevage, l’écopâturage, c’est vraiment essentiel. La brebis, aussi, a son utilité dans le fonctionnement humain, dans son environnement.
Donc les manger, pas forcément mais on peut continuer tu vois ça peut être comme un animal domestique. Pourquoi on pourrait avoir des chiens et pas des brebis ?
Le chien il est utile : il te garde (il fait des trous dans le jardins...) il peut protéger contre les autres animaux, faire chien de berger tout ça."
"En faite, c’est réussir à trouver l’équilibre tout simplement" et c’est ce qu’il essai de faire dans ça façon d’appliquer son agriculture.
La relation qu’il entretient avec La Loupiote
En effet, Thibaud veut rendre au maximum "le système plus naturel". Il veut "remettre l’humain en harmonie avec son environnement" dans sa manière de cultiver et de "nouer des liens" avec le vivant qui l’entoure.
Son objectif est de créer "un oasis de biodiversité".
Il veut permettre à un maximum de vivant.e.s de venir s’installer sur le lieu en plantant des arbres, en laissant les ronces, en mettant des haies, en créant une marre, etc.
"J’essaie de faire rentrer le plus possible le vivant, j’essaie de complexifier le jardin le plus possible au niveau de la biodiversité .
Plus tu as d’espèce plus l’équilibre est résilient."
"Les interactions c’est là où tu vas avoir le plus de vivant possible, comme quand tu as une haie, une parcelle de jardin et une marre à proximité.
C’est ça avoir le plus de diversité possible. Ça te permet d’avoir un équilibre résilient. Donc si tu as un truc qui s’effondre, tu as l’autre qui contrebalance jusqu’à ce qu’un autre équilibre se crée.
C’est hyper mouvant, c’est fantastique tu vois.
Après économiquement c’est pas marrant, mais c’est génial d’assister à tout ça."
A terme, il aimerait créer un jardin maraîcher ou ce qu’on appelle aussi jardins forêts.
"Un jardinier, c’est un peu le soleil d’un lieu, tu es un peu, pas un dieu, mais tu agis pour ralentir le climax* naturel quand même, sinon les légumes ne peuvent pas pousser. Dans une forêt ça ne peut pas pousser, donc tu joues avec ça.
Donc à un moment donné, tu vas bâcher, tu peux tondre, et donc c’est quand même un pouvoir que tu as sur le lieu."
"Et, tu vois, c’est le rôle de l’humain. On magnifie la nature, enfin, on a de l’influence sur l’environnement. On utilise les forces de la nature, les trucs qui poussent tout seul.
Tu vois on pourrait bouffer que du pissenlit, ça pousse hyper bien, et il n'y a rien besoin de faire."
Un rapport au vivant qui s’est construit petit à petit et qui évolue
"Je l’ai construit petit à petit, je n’ai pas eu de déclencheur, avec le savoir avec les études de bio tout ça. Il n'y a pas eu de déclencheur, c’est progressivement depuis que je suis né.
Mes grands-parents avaient une micro ferme, une ferme hyper diversifiée. Je suis né dans les montagnes, donc tu es tout le temps à droite à gauche dans la nature.
C’est un rapport qui se construit, qui s’améliore, démonter les apprentissages passés...
Je cherche l’évolution, c’est progressif, et la permaculture m'aide à ça. Quand j’ai commencé à me renseigner, il y a quelque chose qui m’a marqué : les patterns*. Se sont des schémas répétitifs dans le vivant et, dans la permaculture, on te pousse à utiliser ça, c’est hyper intéressant."
Sa vision de la société concernant son rapport aux vivant.e.s
Une vision de la société en deux parties
Thibaud voit la société divisée en deux parties : une partie "hyper mécanisée, le transhumanisme, avec l’intelligence artificielle" et une partie " dans la nature, qui essaie de vraiment travailler avec le fonctionnement de celle-ci".
Il y a des frictions entre ces deux parties qui sont opposées car, actuellement, il y en a une qui "domine", c’est le transhumanisme et qui "essaie de faire plier l’autre, car elle a besoin de toutes les ressources [exploitation du pétrole, des minerais, de l'eau...] et elle veut que tout le monde aille dans cette direction, en matraquant l’opinion public avec les lobbys."
Le problème de la partie transhumanisme est qu’elle veut "imposer sa vision à tout le monde".
Malgré ces grandes disparités, il pense, à terme que ces deux parties vont s’apaiser, se rejoindre et "s’apporter énormément de savoirs".
"Je ne sais pas pourquoi je pense que ça sera comme ça, mais on ne le verra sûrement pas."
Une envie d’un futur avec de la coopération et de la résilience
Thibaud est "à fond" pour collaborer avec "la nature, qui est un génie."
Il pense que parler d’effondrement, générer de la peur auprès des gens n’est pas nécessaire.
Il pense que l’on a pas encore découvert qu’il y a "encore toutes les ressources pour que ça se passe encore à peu près bien."
"Un exemple, par rapport à La Loupiote. Avant c’était un désert maraîcher. Mais en deux, trois ans, tu vois des trucs arriver super vite.
C’est juste qu’il faudrait s’y mettre maintenant, tout le monde, et replanter des forêts dans les déserts qui peuvent recréer de la pluie."
Il est persuadé que c’est cette façon de collaborer qu’il faut mettre en avant, mais que malheureusement ce n’est pas encore le cas.
Conclusion
Une expérience bien remplie
et des questionnements sur l’utilité
Le woofing à La loupiote est ma première expérience en woofing, et je suis ravie de l’avoir réalisé auprès de Thibaud et des autres vivant.e.s que j’ai rencontré.e.s.
A mon arrivée, je n’avais pas spécialement d’attentes. J’étais curieuse de découvrir de nouvelles pratiques, de nouveaux savoirs, de rencontrer de nouvelles personnes, et voir quel.les activités/modes de vie peuvent me correspondre.
J’étais
entourée de personnes ouvertes d’esprit, avec qui j’ai partagé jolis moments (et avec qui ont a également partagé de la bonne bière locale).
J’ai eu un très bon accueil de la part de Thibaud. On a eu des discussions très intéressantes sur des enjeux de société, ainsi que sur la spiritualité.
Les deux stagiaires, Emilie et Kévin, m'ont également très bien accueilli dans l'équipe : iels ont de suite été dans le partage. Nos discussions, entre deux récoltes et du désherbage, sur nos valeurs, et ce qui fait sens pour nous, étaient très appréciables.
Et notamment avec Kévin (que je voyais le plus souvent), avec qui ont a refait le monde, avec nos discussions sur la création de lien entre vivant.e.s au rythme des saisons, et sur le retour à nos besoins essentiels. Ça m'a fait du bien de rencontrer une personne qui se pose les mêmes questions que moi.
Je me suis beaucoup amusée avec la petite Eva, la fille de Thibaud. Je me suis émerveillée devant tous les êtres vivant.e.s qui croisaient notre route, grâce à l'innocence de ses 4 ans.
Et je remercie les deux chien.ne.s, Loupiote et Poulpi, pour leur douceur et tout l'amour qu'iels m'ont donné.
Chaque journée était remplie d’activités variées, allant de la récolte à l’épandage de patate, de la réalisation de semis à la réalisation de potions magique avec Eva, allant de la vente au marché à la découverte de personnes adorables.
Je réalise en partie ce périple seule, pour voir de quoi je suis capable et pour sortir de ma zone de confort, car je suis une vivante qui adore être entourée.
Je me suis parfois sentie seule (principalement le soir) et je me demandais à quoi je servais dans une ferme comme La Loupiote.
Puis pendant l’interview, Thibaud a beaucoup abordé la notion d’utilité du vivant, notion avec laquelle je ne suis pas toujours à l'aise.
C’était donc une première expérience riche en activités et découvertes, au cours de laquelle je me suis posée beaucoup de questions sur l’utilité des vivant.e.s :
- Qu’est-ce que cela veut dire être utile ?
- Être utile à quoi et pour quoi ?
- Qu’est-ce qui fait que l’on est utile ?
- Est-ce qu’il faut être utile à quelque chose pour être digne de vivre et d’exister ?
Eva FOURCADE - 28 avril 2023
Définitions
- Climax : Désigne un état d'équilibre atteint par la végétation spontanée dans un milieu donné et stable, en excluant l'action humaine. Le climax serait donc ce vers quoi tend spontanément la nature en l'absence d'anthropisation, d'artificialisation. Par exemple, le climax naturel du Béarn est la forêt. - Source ENS Lyon
- Dotation Jeunes Agriculteurs : C'est une aide financière qui vise à soutenir les jeunes agriculteur.rice.s dans leur première installation et qui vise à favoriser la viabilité économique de leur projet. C'est une aide financée par les crédits européens sur le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER) et des crédits nationaux. - Source Ministère de l'agriculture et de l'alimentation
- Politique Agricole Commune : La Politique Agricole Commune (PAC), est une politique mise en place à l'échelle de l'Union européenne. À l'origine, elle est fondée principalement sur des mesures de contrôle des prix et de subventionnement, visant à moderniser et développer l'agriculture. - Source wikipédia
- Pattern : en permaculture, il y a un concept de Pattern Thinking : penser et agir comme les systèmes vivants. Il s'agit : - d'un motif, cycle ; d'un arhétype de structure, archétype de processus ; d'un archétype de forme, archétype de rythme ; d'un thème formel ; d'un schéma ou schème ; d'un modèle ;
- Spatial et/ou temporel ;
- Sous lequel les phénomènes se manifestent et interagissent pour tisser la réalité, incluant les comportements du vivant. - Source Permaculture sans frontières